L'Homme cet Animal Domestique non Domestiqué mais Domesticable



Le petit jour se lève lentement dessinant des ombres sur les murs de la chambre. Tu dors encore et durant quelques instants, je savoure ces moments ou je peux t'observer. Je regarde ton visage endormi et serein, je me penche sur toi et je dois résister à la tentation de passer une main dans tes cheveux, de les ébouriffer. Mais tu bouges, tu t'agites comme mû par le pressentiment de la sonnerie imminente du réveil. Je ferme les yeux tentant de retenir le temps encore un peu, de figer cet instant. Parce que dans un instant tu vas partir. Tu vas ouvrir les yeux, te réveiller, t'étirer en baillant.

Puis tu vas t'assoir dans le lit et je vais voir ton dos large et puissant, familier. Et d'un instant à l'autre tu vas te lever, te pencher, ramasser ton pantalon. Et je vais entendre le cliquetis de la ceinture, ce ptit bruit toujours douloureux. Un signal de départ, bref et mécanique comme celui d'un train quittant la gare.

Je reste allongée, le dos engourdi. Il nefaut pas que je te regarde maintenant. Avant de faire l'amour, ton visage est toujours ouvert, brillantn plein d'exaltation, comme si aucun obstacle n'existait. Ensuite, même ta nuque révèle que tu n'es déjà plus avec moi, mais ailleurs.. Je me sens vidée, à plat. Tu me pompes l'air et cet air tu vas le ramener avec toi.

Tu te lèves, regarde l'heure. Et effectivement après la douche qui laisse des petites cascades le long de ton corps et des buées de rosées dans tes cheveux, tu t'habilles tandis que je contemple ton dos. Je pense au mot " amant" et tout à coup je respire mieux. Tu redeviens un être exotique, un chat mâme à demi sauvage qui va et vient , l'animal domestique d'une autre. A peine un être humain. La blessure s'allège, semble moins profonde. Et pourtant .. ça fait toujours aussi mal de savoir que tu es l'homme de mes rêves mais que tu te refuses à être l'homme de ma vie.